Handicapé par une dyspraxie avec difficultés motrices, Thibault, 9 ans, a trouvé force, autonomie et confiance en lui grâce au surf. Ce qu’aucune activité n’avait réussi à lui procurer jusque-là. « On n’a plus le même petit garçon ! », se réjouit même sa maman. Témoignages.
Comme tous les enfants, Thibault a besoin de se dépenser, en s’amusant de préférence. Or, cela ne se voit pas mais Thibault souffre d’un handicap qui lui rend extrêmement difficiles certains gestes. S’habiller, nouer ses lacets, manger, écrire, jouer au ballon…
L’AVS, « elle est top ! »
« Thibault souffre de troubles de la coordination de ces gestes que nous apprenons à faire au cours de la vie et qui finissent par devenir automatiques, explique Amandine Farineau, l’ergothérapeute qui le suit, aux côtés d’un orthophoniste et d’un orthoptiste. Il est obligé de se concentrer pour chacun de ces gestes, ce qui nécessite une importante capacité de concentration ». Exercée à l’extrême par la force des choses, cette capacité fait de Thibault un as de la mémorisation. Mais elle a son revers. Elle est épuisante. Et, quand on a 9 ans, aussi courageux soit-on, on a besoin d’aide pour ne pas baisser les bras. Car les risques sont là. Thibault s’est brûlé au deuxième degré en portant un plat trop chaud. Par exemple.
À l’école La Plaine où il est scolarisé en CM1 à Châteaulin, Thibault dispose d’une auxiliaire de vie scolaire (AVS), Josiane. « Elle est top ! », lance-t-il spontanément. « Mais l’école, ce n’est pas son grand amour, pondère Deborah, sa maman. Il se sent dévalorisé et cela retentit sur le reste de ses occupations. Il devient moins réceptif, moins volontaire, se replie… ». Pour tenter d’inverser le processus, Deborah Le Toux a pensé au sport.
« Il a un sacré courage »
Football, handball… « Ça n’a pas marché. Thibault ne parvenait pas à passer le ballon, du coup, on ne le lui passait plus… Et un jour, j’ai lu un article dans Le Télégramme sur la Breizh Road Surfing, l’école de surf de Stéphane Herjean ». Deborah l’avoue, elle n’aurait pas pensé au surf d’emblée. « Le déclic s’est fait sur le discours de Stéphane ». C’était il y a six mois.
Après deux cours individuels, Thibault a rejoint l’école. « Je ne fais pas de groupes d’âges ou de niveaux. J’ai juste un groupe qui surfe ensemble, des petits, des moyens et des grands, dont je m’occupe individuellement, détaille Stéphane Herjean. C’est un sport individuel mais la force de mon école, je crois, c’est son esprit d’équipe. Thibault est devenu le chouchou, car il a un sacré courage. Il ne connaissait pas la mer et n’avait que 8 ans et demi quand il a commencé. Et, en surf, comme dans tous les sports de glisse, il faut sans cesse recommencer ». Tomber, remonter sur la planche… Le quotidien de Thibault.
« Je l’ai entraîné à fond là dessus, explique le moniteur. Et maintenant, il arrive à surfer des vagues de travers. Il a un super mental. J’ai juste compris qu’il fallait passer par la verbalisation et non la démonstration et qu’il fallait faire attention à sa fatigabilité ».
DJ de la Breizh Road
« Dans le groupe, il est valorisé, encouragé par les autres, qui n’y arrivent pas toujours non plus, acquiesce l’ergothérapeute, visiblement épatée par les résultats. Et il n’y a pas d’aide médicale. Juste le moniteur, comme pour les autres ». « J’apprécie vraiment ses qualités, ajoute Stéphane Herjean. Il fait très attention à ses affaires et adore partager. C’est lui aussi mon disc-jockey dans le minibus ! détaille-t-il, complice d’un Thibault tout sourire. Et quelle aventure pour moi que d’obtenir tant de résultats ! Pour progresser, il faut pouvoir se projeter, être inspiré, rêver. C’est la méthode qui a marché sur moi quand j’ai été entre les mains de Bernard Moulin, moniteur de kayak et travailleur social », dévoile Stéphane Herjean évoquant son propre parcours.
« Tout ça n’a pas de prix »
« À l’école, on nous dit qu’il n’est plus le même, ne se dévalorise plus. Il fait des progrès, ça fait boule de neige. Comme pour la combinaison de surf, si difficile à mettre, que s’habiller pour l’école est devenu facile. Après le surf, il dort bien et le lendemain, il arrive plus posé à l’école ou pour ses séances d’orthophonie. Et la grosse nouveauté, c’est que je le laisse partir seul ! s’étonne encore sa maman. Il a pris du muscle, mais il a grandi sur plein de choses. Tout ça n’a pas de prix ».
Breizh Road Surfing, école itinérante de surf et de bodyboard
© Le Télégramme
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